Les résultats de la France aux tests de performance scolaire PISA n’ont cessé de se dégrader passant de la 13e place en 2000 à la 22e place en 2009. La France compte environ 20% des élèves entrant en 6e qui ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter). Améliorer l’école devient une urgence et devrait être l’un des enjeux majeurs du quinquennat.
L’école a réduit certaines inégalités, notamment celles concernant les sexes. Cependant, la France est le pays de l’OCDE où les résultats scolaires sont le plus corrélés à l’origine socio-économique. Il y a deux fois plus d’enfants en retard de deux années scolaires dans les ZUS que dans les autres quartiers. Les travaux de F.Dubet ou encore ceux d’O.Galland, sur la jeunesse montrent que l’école et son système méritocratique a un impact négatif sur le moral des jeunes. L’école entraîne souvent une frustration en délivrant des diplômes qui subissent une certaine inflation, et ne permettent de trouver des postes à hauteur de leurs espérances, et elle dévalorise en naturalisant la réussite sociale à travers la réussite scolaire faisant porter à l’individu le fardeau de son échec.
L’enjeu de l’école au XXIe siècle est de tendre vers plus de justice
Pour que l’école atteigne les objectifs qui lui sont fixés, il faut améliorer la gouvernance des écoles en même temps que l’on accroît les moyens qui leur sont attribués. E.Hanushek et L.Woessmann montrent que de bonnes performances de l’enseignement secondaire et primaire stimulent la croissance d’un pays et sa capacité à générer des revenus futurs supplémentaires. Améliorer l’Ecole passe par le recrutement d’enseignants, mais cela n’est pas suffisant. Il faut revaloriser le travail enseignant. Cette revalorisation n’est pas uniquement salariale, elle passe par une réflexion sur la formation ainsi que sur les missions de l’enseignant. Si le système des IUFM n’était pas idyllique, il présentait l’avantage d’assurer une entrée dans de bonnes conditions dans le métier.
Les missions de l’enseignant doivent évoluer. Le nombre d’heures global de présence sur l’établissement doit augmenter en contrepartie d’une diminution des heures d’enseignement. L’enseignant doit s’approprier son établissement et en devenir un acteur à plein temps.
La réforme de X.Darcos en 2007 sur l’autonomie des lycées, renforce le pouvoir des chefs d’établissement et dévalorise les enseignants. Plusieurs expériences d’établissements « autogérés », tel que celle menée au centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron (CEPMO), montre que l’autonomie des établissements prend tout son sens à partir du moment où un grand nombre de décisions est confié directement aux enseignants.
L’école, qui s’est écartée de son objectif de démocratisation en délaissant les vaincus de la compétition scolaire doit évoluer vers plus de justice. En l’absence d’une politique urbaine efficace visant à la mixité socio-résidentielle, la carte scolaire doit être renforcée.
Les parents d’élèves, sont confrontés à leur contradiction : un grand nombre déclare être conscient des enjeux de la mixité sociale tout en considérant qu’ils aimeraient avoir le libre-choix de l’établissement de leur enfant, entraînant ainsi le contournement et l’assouplissement de la carte scolaire. L’affectation des élèves dans les établissements doit se faire à partir de quotas tenant compte de l’environnement socio-urbain des élèves. Cette mesure doit s’accompagner d’une réduction du financement public des établissements privés ainsi que d’un conditionnement de celui-ci à l’application de quotas de recrutement.
Pour mieux prendre en compte tous les élèves dans leur diversité, il faut également diversifier l’offre éducative publique. Des établissements innovants existent (réseau FESPI) mais ils ne sont pas encore assez nombreux, et connus. Il s’agit de structures de tailles plus adaptés pour prendre en compte la singularité et les difficultés de chacun. Ces structures sont particulièrement adaptées pour prévenir le décrochage scolaire et leur développement dans chaque académie devrait être l’une des priorités afin notamment d’améliorer les conditions de l’expérience scolaire.
— Vincent Levrault